Nouveau coup de froid sur les résultats de Rémy Cointreau. La crise des ventes de cognac en Chine l’explique largement, mais les conditions de marché aux Etats-Unis y ont contribué aussi. Le groupe de spiritueux français a fait moins bien que prévu par les analystes au deuxième trimestre. Son chiffre d’affaires a reculé de 16,1 % sur cette période, alors que les analystes anticipaient une baisse de 15,4 % .

Alors qu’il prévoyait une amélioration progressive au fil de son exercice, commencé le 1er avril, Rémy Cointreau a dû revoir ses ambitions à la baisse face aux difficultés persistantes sur ses deux principaux marchés. L’entreprise vise désormais pour son chiffre d’affaires annuel une « baisse à deux chiffres en organique » contre la « reprise graduelle au cours de l’année » prévue jusque-là.

Plus que les autres acteurs de l’industrie française des spiritueux, Rémy Cointreau est très dépendant de son activité cognac, qui représente près de 70 % de son chiffre d’affaires et l’essentiel de sa rentabilité en période faste. Le groupe a beaucoup misé sur la vogue qu’a connue cet alcool en Chine, poussant la carte du luxe à son maximum, avec des produits hors du commun destinés à une clientèle extrêmement fortunée. Certains pouvaient atteindre 25.000 euros le flacon.

Ce pari ne tient plus. Le chiffre d’affaires de la division dédiée à cet alcool a plongé de 20,7 % au deuxième trimestre, alors les analystes prévoyaient un recul de 18 %. Le chiffre d’affaires des liqueurs et spiritueux a quant à lui baissé de 4,9 %.

Conséquences du conflit avec la Chine

Rémy Cointreau, qui avait initialement annoncé une « protection de la rentabilité » pour l’ensemble de l’exercice en cours, prévoit désormais une « dégradation organique » de la marge opérationnelle courante, partiellement compensée par un plan de réduction des coûts de plus de 50 millions d’euros. Le troisième trimestre 2024-2025 sera « le plus difficile » mais les ventes aux Etats-Unis devraient « rebondir au quatrième trimestre », a estimé le directeur financier de Rémy Cointreau Luca Marotta, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.

Rémy Cointreau a dit prendre acte de la décision provisoire de la Chine d’appliquer des droits de douane additionnels à hauteur de 38,1 % sur les importations de cognac dans le cadre du conflit avec l’UE sur les importations de voitures électriques chinoises. « Si ces droits provisoires étaient confirmés, l’impact serait marginal pour l’exercice 2024-2025 et le groupe activerait son plan pour en atténuer les effets à partir de 2025-26 », indique l’entreprise. Les mesures douanières induiront des hausses de prix de la part de groupe qui mène actuellement des recherches pour en évaluer l’impact sur les ventes.

Les analystes doutent

Pour 2025-2026, Rémy Cointreau table sur une croissance organique du chiffre d’affaires annuel entre 7 % et 9 % et une amélioration organique progressive de la marge opérationnelle courante. Il a aussi maintenu inchangés ses objectifs de marge à l’horizon 2029-2030.

« Compte tenu des incertitudes actuelles, ainsi que de la faiblesse du marché des spiritueux et de la détérioration continue de la croissance et de la rentabilité, nous sommes surpris que la direction maintienne ses objectifs » de croissance organique pour 2026 et qu’elle réitère ses ambitions pour 2030, ont estimé des analystes de JPMorgan dans une note publiée vendredi.

A la Bourse de Paris, l’action Rémy Cointreau était en recul de 0,5 % à 59,3 euros à la mi-journée. En un an elle a perdu plus de la moitié de sa valeur.