Tourisme : le camping s’impose comme une valeur refuge face à l’inflation 

Les premières tendances laissent présager d’une très bonne saison pour l’hôtellerie de plein air. La pression sur le pouvoir d’achat pourrait paradoxalement lui être favorable.

Les beaux jours reviennent et les campings rouvrent leurs portes, avec un optimisme qui tranche avec les craintes autour du pouvoir d’achat. Il faut dire que l’hôtellerie de plein air a le vent en poupe, au sortir d’une saison 2022 historique : avec 136 millions de nuitées, le secteur a, en effet, dépassé son niveau de fréquentation de 2019 (+7,5 %), qui constituait déjà une année référence.

Sans surprise, la clientèle française a répondu présente, représentant 72 % des troupes, selon la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA). Mais les étrangers ont également effectué leur retour, en particulier les Néerlandais, les Allemands et les Belges.

Le retour des Britanniques espéré

Le millésime 2023, lui, s’annonce également sous de bons auspices. Après une hausse de 13 % en avril, et sous l’effet d’un calendrier favorable (ponts, jours fériés), « le mois de mai va être très bon », se réjouit Nicolas Dayot, le président de la FNHPA, qui anticipe un bond de 55 %.

Pour l’ensemble de la saison, le nombre de nuitées réservées – à la date du 9 avril – affiche une hausse de 21 % par rapport à l’an dernier, avec 63 millions d’unités. Une progression notamment tirée par les étrangers (+33 % par rapport à 2022), ce qui pourrait préfigurer d’un retour en force de la clientèle britannique, dont la fréquentation était toujours inférieure de 21 % l’an dernier par rapport à la période précrise. Même tendance du côté de la plateforme de réservation Campings.com, qui fait état d’une augmentation de 30 % par rapport à l’an dernier. Pour autant, « les réservations se font plus tôt cette année, on n’atterrira sans doute pas à +20 % en septembre », tempère Nicolas Dayot.

Plus facile de faire des arbitrages

De fait, le contexte inflationniste ne semble pas affecter l’hôtellerie de plein air… et pourrait même lui être favorable. Le secteur fait valoir qu’il n’a pas augmenté ses prix l’an dernier au-delà de l’inflation quand ceux de l’hôtellerie traditionnelle ont bondi bien au-delà. « Chaque fois qu’il y a une pression sur le pouvoir d’achat, de plus en plus de vacanciers viennent essayer le camping. Et pour beaucoup, ils reviennent l’année suivante », relève Alain Calmé, président d’European Camping Group (ECG), nouveau géant européen du secteur après l’acquisition de Vacanceselect.

En d’autres termes, plus les tensions sur les portefeuilles s’aggravent, plus les campings gagnent des clients, attirés par un modèle plus flexible. Une large gamme de produits, allant de l’emplacement nu aux équipements de luxe, permet en effet aux vacanciers de monter ou baisser en gamme selon leur budget. Les arbitrages peuvent également s’effectuer sur la restauration, la plupart des mobile-homes disposant d’une cuisine. Ce point constitue d’ailleurs « l’une des grandes forces du camping », selon une étude Ifop commandée par la FNHPA, selon Nicolas Dayot. Victimes collatérales de ces ajustements, les restaurants de proximité pourraient en revanche souffrir du contexte actuel.

Le panier moyen observé de près

Malgré une dynamique favorable, c’est donc avec attention que les professionnels observeront l’évolution du panier moyen des vacanciers. Sur Campings.com, ce dernier affiche pour l’instant une hausse de 11 % par rapport à 2022, mais l’on observe une utilisation du filtre « budget » multipliée par deux, ce qui laisse à penser que les touristes – notamment les Français – seront particulièrement attentifs à leurs dépenses.

Enfin, les campings devront composer avec une hausse de leurs coûts : outre l’inflation énergétique et alimentaire, le prix des mobile-homes, dont le parc est sans cesse renouvelé, a bondi d’environ 15 % sur un an. « Tout cela va jouer sur la rentabilité, reconnaît Nicolas Dayot. Mais l’attractivité de l’hôtellerie de plein air ne se dément pas, et ce sont les volumes qui nous permettront d’atteindre l’équilibre. »

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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