Alimentation : la fin des négociations commerciales avancée au 31 janvier pour faire baisser les prix 

Députés et sénateurs sont tombés d’accord en commission mixte paritaire. Les multinationales agroalimentaires devront avoir signé avec les distributeurs fin janvier, et les PME, quinze jours avant.

Le gouvernement avance vers son objectif de baisse des prix de l’alimentation. La loi qui avance la clôture des négociations entre les distributeurs et leurs fournisseurs industriels a été adoptée lundi en commission mixte paritaire. Les députés et les sénateurs se sont entendus lundi soir sur les dates du 31 janvier pour les contrats avec les multinationales et le 15 janvier pour les PME (moins de 350 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé). Les préférences de la Fédération du commerce et de la distribution et de l’Association nationale des industries alimentaires ont été suivies par les parlementaires.

Pour Olivia Grégoire, la ministre chargée du Commerce, le calendrier avance d’un mois l’arrivée de réduction de prix dans les rayons. « Tous les prix ne vont pas baisser, expliquait-elle fin octobre aux « Echos ». Mais, entre octobre 2022 et octobre 2023, le blé tendre est en recul de 33 %, le tournesol, de 44 %, le maïs, de 40 %, et le colza, de 32 %. De plus, selon l’Insee, entre août 2022 et août dernier, les prix des produits agricoles ont reculé en moyenne de 7,4 %, et le recul concerne aussi des intrants comme la pâte à papier, qui a baissé de 35 %. Toutes les conditions sont là pour aller chercher des baisses. »

Prévisions sur les coûts

Le gouvernement a modéré ses ambitions. Il souhaitait au départ la fin des discussions le 15 janvier pour les groupes et le 31 décembre pour les petites entreprises. Les fournisseurs ont expliqué aux parlementaires que même s’ils avaient démarré les discussions avec leurs clients, ils ne possédaient pas aussi tôt les prévisions sur leurs coûts – énergie, matière première agricole – qui déterminent leurs conditions générales de vente. Avec les distributeurs pour lesquels Noël constitue un pic d’activité, ils ne voulaient pas non plus que leurs collaborateurs travaillent lors des vacances de fin d’année.

Jacques Creyssel, le délégué de la Fédération des commerçants, a mis en garde contre le risque de « négociations bâclées ». « Il y a un risque d’engorgement au niveau des cellules de négociation », a alerté Jean-Philippe André, président du Syndicat des industriels.

« Si la fin des négociations avait été fixée fin 2023, les fournisseurs en manque de visibilité auraient demandé des hausses maximales pour se couvrir contre d’éventuels aléas », complète le représentant d’une grande marque. Les PME ne représentent que 10 % à 20 % des ventes, mais 90 % des contrats. Le nombre des grands industriels est estimé à 75.

Les organisations de PME ont, elles, obtenu gain de cause. Elles finiront les négociations avant les multinationales. Ce coup d’avance leur garantit un minimum de place dans les linéaires. Pour les enseignes, cette date du 15 janvier avec les petits fournisseurs changent peu les habitudes. Traditionnellement, elles signent presque tous leurs contrats avec les PME avant le 31 décembre.

« L’instauration de deux dates distinctes répond à un objectif de protection des PME et ETI que nous saluons et partageons » a réagi ce mardi Jérôme Foucault, président de l’ADEPALE qui représente 3.000 PME et ETI.

Les grandes marques en revanche ne souhaitaient pas un traitement différencié pour les petites entreprises. « Cela crée un précédent. Il n’est pas bon que la loi diffère selon la taille des entreprises » estime le représentant d’un poids lourd du lait.

Plus de 20 % sur deux ans

La question qui se pose aujourd’hui porte sur l’ampleur des baisses. Les industriels sont arrivés à la table des négociations avec des demandes de hausse de 8 % en moyenne, selon le patron d’une chaîne de supermarchés. De ce point de départ, les négociateurs aboutissent en général a des petites hausses de 2 % à 3 %. Thierry Cotillard, le patron d’Intermarché , estime qu’il est possible d’obtenir des rabais de même ampleur. L’ADEPALE affirme de son côté que « au regard de la situation économique actuelle, rien ne permet d’affirmer que l’avancement des négociations conduira à une baisse des prix ». Le géant Mondelez a par exemple prévenu mardi au niveau mondial que ses prix augmenteront l’an prochain pour répercuter la hausse du cours de la noix de coco ou du sucre.

Qui aura raison ? Les volumes de produits diminuent depuis plusieurs mois. Les fabricants ont besoin de retrouver des ventes. Ils ne sacrifieront pas pour autant le niveau de marge qu’ils ont reconstitué en 2023. « On ne reviendra pas à des prix comme avant, mais toute baisse est bonne à prendre », tranche Olivia Grégoire. L’inflation s’est arrêtée en octobre. Les prix restent supérieurs de 20 % à ce qu’ils étaient il y a deux ans.

La fin du long feuilleton de l’avancée des dates des négociations commerciales ouvre un nouveau chapitre. Le gouvernement va lancer une mission d’étude pour étudier la pertinence de supprimer ce rendez-vous annuel qui n’existe pas dans les autres pays européens. « Vivement que l’on en termine avec cette fichue date qui n’a plus de sens dans certains cas pour détendre une fois pour toutes ces négociations » a déclaré sur « X » Dominique Schelcher, le président de Système U, à l’unisson des autres grands distributeurs.

Par Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur Source

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