Étude : Les chiffres clés du commerce de proximité
Quel poids représente le commerce dans notre économie ? Combien de personnes emploie-t-il ? Quels sont les secteurs les plus dynamiques, et à l’inverse ceux qui sont plus en difficulté ? Comment a évolué la situation financière des commerces de proximité depuis la crise sanitaire ? Analyse détaillée.
Quelle est la place du commerce aujourd’hui dans notre économie, et comment a-t-il évolué dans les grandes lignes ces dernières années ? Pour répondre à ces questions, le Conseil d’Analyse Economique (CAE) a mené une vaste étude, basée sur un travail statistique très fourni, dans le but de présenter un panorama du secteur du commerce en France (bar et restaurants inclus).
Une enquête approfondie qui permet de faire ressortir les chiffres clés du commerce, par secteur d’activité, mais également de décrypter les tendances actuelles. Evolution du nombre d’établissements et d’emplois ces dernières années, chiffre d’affaires global, situation financière des commerces de proximité… Retour sur les principaux points marquants de cette étude.
Combien il y a-t-il de commerces en France ?
Les données compilées du CAE permettent de chiffrer à 435 000 le nombre d’entreprises opérant dans le secteur du commerce (bar et restaurants inclus). Dans ce large ensemble, aux côtés de quelques multinationales qui exploitent un vaste réseau de magasins, la plupart des entreprises n’exploitent qu’une boutique ou établissement. 94% sont ainsi des microentreprises, mais ces dernières ne représentent que 20% des effectifs salariés. 5% sont des PME et regroupent 31% des effectifs salariés. À l’inverse, les établissements de taille intermédiaire, beaucoup moins nombreux, représentent environ 22% des effectifs salariés, et les grandes entreprises environ 25%.
Le chiffre d’affaires est lui aussi réparti de façon très hétérogène selon la taille des entreprises : en 2021, la moitié du chiffre d’affaires était réalisée par des grandes entreprises et des établissements de taille intermédiaire, 7% par des PME et 23% par des TPE. A noter que l’alimentaire représente environ la moitié du chiffre d’affaires et des emplois du commerce de détail, et plus du tiers de la surface et des points de vente.
Quelle est la dynamique des petits commerces en France ?
Le petit commerce, ou commerce de proximité (TPE et PME du commerce), représente quant à lui 6% du PIB et 12% de l’emploi total en France (1 824 000 salariés et 710 000 emplois non salariés). Un chiffre en progression depuis 2008, mais qui masque des disparités assez fortes, notamment sur le plan géographique. « Dans le détail, l’emploi commercial progresse dans les grandes métropoles régionales, tandis qu’il diminue dans les aires urbaines plus petites, notamment dans les villes de taille moyenne », constate le CAE.
Le dynamisme commercial diminue en effet dans toutes les zones sur la période 2013/2019, sauf dans les banlieues, où le nombre de commerces continue à croître (voir graphique ci-dessous).
Evolution du nombre de petits commerces en France entre 2008 et 2019
On remarque ainsi que le nombre de commerces a crû très nettement entre 2008 et 2013 (+4,1%), et légèrement entre 2013 et 2019 (+0,7 %). Mais cette progression est principalement portée par le dynamisme du secteur de la restauration. Sans tenir compte des bars et des restaurants, on observe une baisse d’environ 2% du nombre de commerces présents sur le territoire français sur la période 2013-2019.
Parmi les secteurs les plus en difficulté, les commerces d’habillement et de chaussures sont de loin les plus touchés, avec une baisse de près de 10% du nombre de points de vente entre 2006 et 2021. Le secteur de la mode est d’ailleurs le seul dans lequel le nombre d’établissements est aujourd’hui plus faible qu’en 2006 ! Dans toutes les autres catégories, le nombre de commerces a augmenté plus ou moins régulièrement sur la période, mais c’est bien l’explosion des bars et des restaurants qui constitue le fait majeur.
Évolution du nombre de petits commerces selon le type de biens vendus et de services rendus (2006-2021)
La dynamique observée quant au nombre d’établissements se retrouve également dans les chiffres de l’emploi. Dans le commerce de détail alimentaire par exemple, le nombre de salariés des commerces des villes-centres a augmenté de près de 20% entre 2006 et 2021. A noter tout de même là aussi des dynamiques différentes en fonction des activités qui composent la filière alimentaire. Les petits commerces traditionnels (boucherie-charcuterie, boulangerie-pâtisserie, primeur, poissonnerie) ont ainsi perdu des emplois, tandis qu’en parallèle, les commerces de boissons, confiseries ou encore les supérettes bio en ont gagné.
Quelle est la situation financière des petits commerces ?
Malgré la succession de crise traversées par les commerçants depuis 2019, les données de l’étude montrent que leur situation financière ne s’est pas dégradée au cours de cette période. Une conclusion à laquelle les auteurs de l’étude sont parvenus en analysant les comptes bancaires anonymisés de 90 000 entrepreneurs individuels (EI) et très petites entreprises (TPE).
Situation financière des petits commerces et des TPE-EI hors commerces (nov. 2019 – mars 2023)
Cette solidité financière des acteurs du petit commerce se retrouve également sur la problématique du remboursement des prêts garantis par l’État (PGE). Alors que les petits commerces ont été très nombreux à souscrire à un PGE (51,6% des bars et restaurants et 36,5% des autres petits commerces, contre 32,9% des TPE et des entreprises de taille intermédiaire des autres secteurs), en avril 2023, la part des petits commerces ayant remboursé totalement ou partiellement ces prêts était plus élevée. Par ailleurs, ils ont été moins nombreux à souscrire de nouveaux prêts garantis par l’État entre janvier 2021 et avril 2023 (voir tableau ci-dessous).
Recours au PGE et remboursement des TPE et EI
Défaillances et cessations volontaires d’activité : Où en est le petit commerce ?
Dernier point abordé par le CAE dans son focus sur le petit commerce, l’évolution des défaillances d’entreprises et cessations volontaires d’activité au cours de ces dernières années. L’étude pointe ainsi une remontée des procédures collectives depuis la fin de la crise sanitaire, et notamment depuis le début de l’année 2023. Les commerces de détail alimentaire et l’hôtellerie/restauration sont particulièrement impactés, tout comme le commerce d’habillement ou encore le soin de la personne & optique.
Concernant les radiations volontaires, c’est-à-dire les entreprises qui abandonnent leur activité en dehors d’une procédure de liquidation judiciaire, l’étude révèle notamment que les radiations volontaires dans les commerces ont diminué pendant les années de pandémie davantage que dans le reste de l’économie (voir graphique ci-dessous)
Evolution des radiations volontaires d’activité dans le commerce en France depuis 2015
Évolution des faillites (2013-2022) selon les secteurs d’activité
On remarque également que la reprise à la hausse des radiations depuis 2021 n’est pas propre au secteur du commerce, mais bien généralisée à l’ensemble de l’économie. Preuve en est de la résilience des commerçants indépendants, qui se montrent dans l’ensemble moins enclins à lâcher prise, malgré le contexte économique particulièrement défavorable pour l’activité du commerce. La question qui se pose maintenant est : jusqu’à quand ?
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Source : Étude : Les chiffres clés du commerce de proximité – L’echommerces