La fin des emballages jetables à table ou la grande révolution des fast-foods
A partir du 1 er janvier 2023, la restauration rapide utilisera de la vaisselle réemployable pour les clients mangeant sur place. Un changement majeur pour l’organisation en salle et en cuisine.
Burger King a multiplié les tests de matériaux et de satisfaction des clients avant d’adopter sa solution définitive. (Matthieu Engelen/Burger King)
A partir du 1er janvier, les clients des fast-foods pouvant faire manger sur place au moins 20 d’entre-eux en même temps vont devoir prendre de nouvelles habitudes. Pour les convives qui s’attableront, finis les pochettes pour frites à jeter à la poubelle ou les gobelets en carton que l’on termine en rentrant chez soi.
Les contenants devront désormais être réemployables pour ce qui concerne la consommation dans l’établissement – ils pourront rester jetables pour les formules à emporter et la livraison. Seule exception, sandwich et burgers pourront garder leur emballage alimentaire à mettre à la poubelle pour des raisons d’hygiène et de manipulation.
Disparité dans la préparation
La loi antigaspillage AGEC a énoncé ces nouvelles règles début 2020, juste avant que le Covid ne vienne rebattre les cartes pour le secteur durant de longs mois. Aujourd’hui, les acteurs de la restauration rapide ne sont pas tous au même niveau de préparation.
Des différences se font jour selon les formats de restaurants et leur profil. Les poids lourds ont anticipé, à grand renfort de tests en amont. Les structures plus petites et les indépendants ne seront pas tous forcément prêts le jour J.
« Il s’agit de la plus grande transformation qu’a connu le secteur. Le fast-food s’est construit sur le jetable. L’exercice le plus difficile est pour les chaînes de taille moyenne, qui n’ont pas la force de frappe des plus grosses ni la facilité d’adaptation des plus petits », juge Benjamin Peri, cofondateur de la société Pyxo, spécialiste du réemploi.
Aucun acteur ne dévoile d’ailleurs de chiffres précis sur les coûts induits. Mais les investissements sont lourds. Car il ne s’agit pas seulement de remplacer des emballages jetables. Il faut aussi revoir l’organisation voire faire des travaux pour agrandir la zone de préparation et y mettre des lave-vaisselle. Des process longs et chers.
Fin décembre, Burger King aura déjà mis en place de la vaisselle réemployable dans une cinquantaine de restaurants, avec en ligne de mire un déploiement massif en janvier dans les 470 établissements ouverts en France. Depuis novembre, une quarantaine de lieux par semaine ont été mis en chantier.
« C’est un travail de titan et un sprint mené sur trois ans. Cela constitue une vraie révolution de notre mode de fonctionnement. Il a fallu repenser l’espace et, dans certains endroits, pousser les murs. Il est aussi nécessaire de former les équipiers », souligne Muriel Reyss, directrice de la communication et de la RSE.
L’identification des meilleurs matériaux a été réalisée au siège alors que les salles des restaurants devaient rester fermées à cause du Covid avant la multiplication des tests en situation à partir de l’été 2021. Les clients ont été sollicités pour donner leur appréciation. Cette vaisselle réemployable, à base de tritan ou de polypropylène, permettra, en moyenne, d’éviter près de 1,9 tonne de déchets par an et par restaurant Burger King.
Différentes options
Du côté de Subway , 85 % des quelque 400 établissements que compte l’Hexagone seront concernés par la loi. Mais avec un impact moins important que pour certains concurrents. « Tout a été fait pour que les restaurants de notre enseigne disposent d’une solution et soient prêts. Cela s’appliquera d’abord aux gobelets pour les boissons car les sandwichs, qui ne sont pas concernés, représentent l’immense majorité de nos ventes de nourritures.
Les volumes de vaisselle à laver seront moindres que dans d’autres types d’enseignes. C’est un nouveau geste à instaurer pour le personnel mais cela ne nécessitera pas d’embauches supplémentaires », souligne Sandra Chassan, directrice générale en France. De quoi limiter les surcoûts dans un contexte tendu de hausse des prix.
La vaisselle en plastique utilisée est fabriquée en France. Et Subway compte sur le déploiement du nouveau décor de restaurants en cours pour intégrer des lave-vaisselle là où il n’y en a pas.
Big Fernand a opté, pour sa part, pour de la vaisselle en faïence, n’hésitant pas à faire un clin d’oeil humoristique à ses clients au fond de l’assiette, dans la tonalité globale de l’enseigne. Les premiers établissements équipés ont démarré dès juillet dernier.
Inciter les consommateurs à faire attention
Les restaurants vont aussi devoir faire de la pédagogie pour inciter les consommateurs à bien trier leur plateau à la fin et à ne pas partir avec la vaisselle. « Nous savons que les clients seront un peu perturbés au départ mais ils prendront l’habitude, comme ils le font déjà dans les restaurants traditionnels. Nous les accompagnerons avec des communications sur les tables », précise Sandra Chassan. Si pour faciliter le déploiement, Subway n’a pas opté dans un premier temps pour la consigne, il y réfléchit pour éviter les disparitions de contenants et inciter les clients à bien réaliser le tri.
Le vol et les erreurs seront inévitables, au moins dans un premier temps. Burger King a d’ailleurs mené un test avec des puces RFID dans deux restaurants pour mesurer ce qui ne revient pas à la plonge. Les deux premiers mois, la part de non-retour était assez importante. Mais elle baissait ensuite rapidement.
Quant aux fast-foods qui n’ont pas devancé l’appel, ils devront assez vite se mettre en conformité avec la loi. Les contrôles et les amendes associées risquent d’être rapidement mis en place.
Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source