
La France, planche de salut du distributeur allemand Metro
Metro France, fleuron du groupe de commerce de gros allemand, affiche un chiffre d’affaires en progression sur 2024, à 5,2 milliards d’euros. Avec 16 % du marché de la restauration commerciale, l’enseigne mise sur l’omnicanalité et la livraison pour renforcer sa position.
La relance du groupe allemand Metro, qui pourrait bientôt tomber totalement dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, est en cours, et le marché français en est l’une des pièces maîtresses, voire sa planche de salut.
En tout cas, c’est bien la France qui lui a inspiré il y a quelques années le choix de se concentrer uniquement sur la clientèle professionnelle des restaurateurs, et de ne plus s’encombrer de magasins grand public, et du non alimentaire. Stratégie qui a fait ses preuves depuis vingt ans dans l’Hexagone.
En 2022, le groupe allemand, présent dans une trentaine de pays, avait annoncé vouloir doubler ainsi son chiffre d’affaires d’ici à 2030 pour atteindre 40 milliards d’euros par an. Le dernier exercice fiscal (clos le 30 septembre) des ventes affiche 31 milliards d’euros. La France, qui emploie 11 % des collaborateurs du groupe, affiche 5,2 milliards d’euros de ventes en 2024 (+4 % en un an), grâce à ses 99 halles réparties sur l’ensemble du territoire.
Le grossiste alimentaire revendique plus de 16 % du marché de la restauration commerciale en France, le marché sur lequel il a misé, qui ne comprend pas la restauration collective (cantines, restaurants d’entreprise, d’hôpitaux), ni les commerces (traiteurs, boulangeries, supermarché de proximité…).
A fond sur les services
« La France, fleuron du groupe, est l’un des pays à s’engager le plus dans la transformation, et avec une vraie qualité d’exécution dans les services, et ça paye », témoigne sous couvert d’anonymat un acteur du marché, qui connaît bien le leader du commerce de gros alimentaire.
« Metro France est aujourd’hui le seul acteur à pouvoir fournir à un restaurateur en installation du conseil sur les plans de sa cuisine, ainsi que l’équipement nécessaire, produire les calculs de rentabilité sur divers scénarios de menus, et enfin lui proposer, dans ses magasins ou par livreurs, les aliments ultra-frais dont il a besoin au quotidien. »
Sur son métier coeur, le spécialiste du cash and carry (magasins pour les professionnels) occupe 80 % de ce marché en France, face à Promocash, filiale de Carrefour. Le groupe a cependant décidé de développer la livraison ces dernières années : deux nouveaux dépôts dédiés ont été ouverts à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) en mars 2024, et à La Brède (Gironde) en avril 2025. Ce nouveau marché de la livraison lui a été ouvert en France grâce à l’acquisition de Pro à Pro, racheté par le groupe allemand au Belge Colyrut en 2017. Depuis, le chiffre d’affaires de cette filiale a quasiment doublé pour atteindre en 2023 1,2 milliard d’euros. Cette acquisition permet aussi d’avoir une fenêtre d’opportunités en France sur la restauration collective, terrain qu’il lui reste encore à explorer.
Ces nouveaux services de livraison se font après passage en magasin ou après une visite sur la nouvelle marketplace. Car, à l’instar des enseignes classiques de la distribution, Metro Group pousse les feux sur l’omnicanalité. La France est l’un des cinq pays du groupe à avoir développé une telle place de marché en ligne, avec l’ouverture en 2023 d’une plateforme logistique de 18.000 m2 dans la Somme, 100 % consacrée à l’e-commerce.
Résilience française
« Metro a beaucoup accéléré en France et a ainsi développé un avantage concurrentiel », constate François Blouin, à la tête du cabinet Food Service Vision. Sa polyvalence lui permet de s’adapter à un marché complexe, devenu très volatil et concurrentiel avec la poussée de spécialistes et de nouveaux entrants, comme les grossistes ethniques (sur la nourriture halal et asiatique, notamment) », ajoute l’expert.
Les restaurateurs indépendants, clients de Metro, doivent faire face à des consommateurs très regardants, qui rationalisent leurs sorties, et scrutent les menus comme jamais. La consommation hors domicile a tout de même enregistré une légère hausse de 1,5 % l’an dernier, selon le cabinet Food Service Vision. Ce marché ralentit au premier trimestre 2025 à 1 %, et cette petite hausse est surtout portée par les commerces de proximité, et la restauration collective (cantine, hôpitaux…), marchés sur lesquels n’est pas positionné Metro France.
De manière générale, avec une consommation alimentaire en berne, à l’extérieur comme à la maison, c’est un peu la douche froide depuis quelque mois pour les grossistes alimentaires. « Après six mois en très légère progression, l’activité des produits agricoles et alimentaires marque une inflexion en début d’année 2025 », relève la dernière note de la Confédération des grossistes de France, parue ce mardi 10 juin. Et de préciser qu’avec des prix alimentaires désormais quasi stabilisés, le chiffre d’affaires recule de 1 % au premier trimestre 2025, à un an d’intervalle. Metro France, lui, se targue d’une « tendance positive », sans plus de précision.
Par Julia Lemarchand – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/la-france-planche-de-salut-du-distributeur-allemand-metro-2170001